La Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique définit les violences faites aux femmes comme « tous les actes de violence fondés sur le genre qui entraînent, ou sont susceptibles d’entraîner pour les femmes, des dommages ou souffrances de nature physique, sexuelle, psychologique ou économique ».
Cette définition met en évidence deux éléments :
- Les violences faites aux femmes sont multiformes, elles peuvent être : physiques, sexuelles, verbales, psychologiques, économiques, …
- Les différentes manifestations des violences faites aux femmes reposent sur un socle commun : ce sont des violences faites aux femmes en raison du fait qu’elles sont femmes. Dès lors, celles-ci ne prennent sens qu’à partir du moment où elles sont replacées dans un contexte plus large d’inégalités entre les hommes et les femmes.
Donc qu’il s’agisse de n’importe quelle violence (violences conjugales, violences sexuelles, sexisme, ou encore les contraintes pesant sur la sexualité des femmes : mutilations génitales féminines, mariages forcés, etc), il faut comprendre ces violences perpétrées aux femmes uniquement parce qu’elles sont femmes.
Une explication en plus ? Il y a bien évidemment un ancrage genré dans les violences faites aux femmes. Cette dimension s’explique par le fait que « la violence à l’égard des femmes est une manifestation des rapports de force historiquement inégaux entre les femmes et les hommes ayant conduit à la domination et à la discrimination des femmes par les hommes, privant ainsi les femmes de leur pleine émancipation » (Convention d’Istanbul).
Les violences faites aux femmes sont, encore aujourd’hui, induites et surtout banalisées par notre société qui conserve son caractère patriarcal impliquant une hiérarchie entre les genres.
Les types de violences faites aux femmes les plus courantes
Les violences conjugales ou violences dans les relations intimes ou encore les violences au sein du couple sont « un ensemble de comportements, d’actes, d’attitudes de l’un des partenaires ou ex-partenaires qui vise à contrôler et dominer l’autre. Elles comprennent les agressions, les menaces ou les contraintes verbales, physiques, sexuelles, économiques répétées ou amenées à se répéter portant atteinte à l’intégrité de l’autre même à son intégration socioprofessionnelle. Il apparaît, que dans la grande majorité les auteurs de violences sont des hommes, et les victimes des femmes ». (Plan d’action national de lutte contre la violence entre partenaires et d’autres formes de violences intrafamiliales, 2006).
Les violences conjugales peuvent prendre différentes formes :
- Verbales (insulter, crier, parler d’un ton menaçant,…)
- Psychologiques (dévaloriser le comportement, l’apparence, les qualités et capacités de l’autre, ne pas adresser la parole, menacer de se suicider ou de tuer, faire du chantage affectif, …)
- Administratives (voler les papiers d’identité ou documents administratifs indispensables : permis de conduire, bulletins de salaire, diplôme, la dénoncer à la police pour enlèvement d’enfants si elle s’enfuit avec les enfants du couple, …)
- Matérielles (casser des objets avec ou sans valeur, avec ou sans valeur affective,…)
- Sexuelles (violer, attoucher, imposer des images pornographiques et des pratiques sexuelles non consenties, refuser ou imposer une contraception,…)
- Economiques (empêcher d’utiliser le salaire, contrôler les dépenses, ne pas payer de pension alimentaire, la rendre solidaire de dettes contractées sans son accord, empêcher de travailler ou de suivre une formation,…)
- Sociales (empêcher d’avoir des liens avec la famille, amis, collègues de travail, activités sportives, loisirs, surveiller sur les réseaux sociaux, contrôler le téléphone,…)
- Physiques(bousculer, frapper avec la main, le pied ou un objet, griffer, tirer les cheveux, brûler,…)
Les violences conjugales ne sont pas essentiellement physiques comme bon nombre de personnes continuent à le penser.
Les violences conjugales ne s’arrêtent pas à la séparation du couple. Au contraire, elles peuvent s’intensifier une fois la séparation effective.
Les mutilations génitales féminines ou mutilations sexuelles féminines recouvrent toutes les interventions incluant l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme/fille ou toute autre lésion des organes génitaux féminins qui sont pratiquées pour des raisons non médicales.
Il est important de savoir que les mutilations génitales féminines sont perpétrées sur des femmes de tous âges (que ce soit du nourrisson à la femme adulte), et sont justifiées par la famille et l’entourage au nom du prétendu honneur et/ou de prétendues coutumes ou traditions. Elles concernent :
- L’excision : couper le prépuce du clitoris, couper une partie ou la totalité du gland du clitoris, et/ou couper une partie ou la totalité des petites lèvres
- L’infibulation : couper le clitoris, les petites lèvres, coudre les grandes lèvres bord à bord en ne laissant qu’une petite ouverture pour l’écoulement de l’urine, du sang de règles
- D’autres pratiques : percer, gratter les parois vaginales, allonger les petites et/ou grandes lèvres
Les mutilations sexuelles féminines sont un crime. Elles ont des conséquences souvent catastrophiques sur le bien-être et la santé sexuelle et reproductive des femmes qui en sont victimes.
Le code civil belge définit le mariage forcé comme étant « une union contractée sans le libre consentement d’au moins un des époux ou si le consentement d’au moins un des deux époux a été donné sous la contrainte, menace ou violence (physique, morale, financière, …) » (Art, 146 et 146 ter Code civil belge).
Un mariage est forcé dès lors que la famille ou l’entourage de l’un-e ou l’autre des époux-se-s (les filles/femmes sont davantage concernées par le mariage forcé que les garçons/hommes qui en général conserve le droit de choisir les filles qui lui sont proposées) exerce des pressions ou des violences pour que l’union (civile et/ou religieuse) ait lieu. Si une jeune fille ou jeune femme, mineure ou majeure, est incitée, forcée, manipulée à accepter un mariage, que celui-ci ait lieu en Belgique ou dans le pays d’origine de sa famille ou du futur époux, il s’agit d’un mariage forcé. Aucune coutume, ni tradition de la « culture d’origine », ni aucun comportement (liberté sexuelle, choix amoureux, orientation sexuelle) d’une jeune fille ne justifie de la forcer à se marier contre son gré.
Les violences sexuelles sont les actes sexuels imposés par la violence physique, la contrainte ou toutes formes d’intimidation : menaces, chantage émotionnel, abus de pouvoir ou de confiance, usage d’armes ou l’approbation de situations lors desquelles la personne n’était pas en pleine capacité de consentement.
En d’autres termes, il s’agit de toute violence à l’encontre des femmes qui a pour cible sa sexualité :
- Le viol est défini par « tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise ». Il s’agit du fait de pénétrer, avec une partie du corps ou un objet, un orifice (bouche, vagin, anus) du corps d’une autre personne par violence, contrainte, menace ou surprise (si la femme est endormie, droguée, alcoolisée, en situation de handicap, terrorisée par la contrainte ou les menaces, paralysée par l’aspect incontrôlable et incompréhensible de l’agression, etc.). Le viol est dit conjugal lorsqu’il est commis par un petit ami, conjoint, ex-conjoint, ex-petit ami, et incestueux quand il est commis par un membre de la famille.
- Les autres violences sexuelles sont toutes les autres formes d’agressions sexuelles sans pénétration, commises sur mineur-e ou majeur-e, avec ou sans attouchement : « agression sexuelle », « atteinte sexuelle », « exhibition sexuelle ». Toutes sont punies sévèrement par la loi, quel que soit le lien existant entre agresseur et victime.
Les actes de violence à l’encontre des femmes peuvent être de nature très différente et prendre des formes bien diverses, comme nous le décrivons plus haut. A la suite de cette spirale de violence, existe la forme la plus extrême : le féminicide ou fémicide.
Le féminicide est défini comme tout meurtre de filles ou de femmes au simple motif qu’elles sont des femmes. La majeure partie des féminicides sont commis par des hommes. D’ailleurs, la plupart des cas de féminicide sont commis par des partenaires ou ex-partenaires et font partie des violences conjugales, ou de violences post-séparation ou encore des situations où les femmes n’ont tout simplement pas ou moins de pouvoir ou de ressources que leur partenaire.
La Belgique est le premier pays en Europe à adopter la loi « Stop féminicide ». Cette nouvelle législation définit officiellement la notion de féminicide, et permet de reconnaître le phénomène dans ses quatre dimensions* :
- Intime : par le partenaire ou ex-partenaire
- Non-intime : une travailleuse du sexe tuée par un client
- Indirect : la mort après un avortement forcé ou après une mutilation génitale féminine
- Homicide fondé sur le genre : un homme transgenre qui meurt dans le contexte de la violence du partenaire
Les différents types de violences faites aux femmes définis ci-avant ne sont bien évidemment pas exhaustifs. Nous pouvons aussi citer d’autres types de violences auxquels les femmes sont confrontées régulièrement :
- Le harcèlement ou agression sexuelle (viol, avances sexuelles non désirées, harcèlement de rue, cyberharcèlement, …)
- Violences gynécologiques et obstétricales
- Traite à des fins d’exploitation sexuelle ;
- Sexisme dans l’espace public ou au travail ;
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